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Connaître la maladie

Qu’est-ce que Bsal ?

Batrachochytrium salamandrivorans (Bsal) est un champignon pathogène qui affecte essentiellement les salamandres et les tritons mais ne touche ni les grenouilles ni les crapauds. Ce champignon provoque la chytridiomycose, une maladie mortelle. Il a été découvert par les scientifiques de l’université de Gand après des mortalités inexpliquées de salamandre observées aux Pays-Bas. Parmi les espèces présentes en Belgique, la salamandre tachetée est extrêmement sensible à ce champignon et meurt rapidement après avoir été infectée. Le triton alpestre et le  triton ponctué sont modérément sensibles au pathogène tandis que le triton palmé semble insensible.  Le degré de sensibilité du triton crêté est mal documenté mais est probablement élevé.

Où la maladie est-elle présente ?

Bsal a été découvert en 2012 dans une population de salamandres tachetées du Bunderbos aux Pays-Bas. La maladie y a provoqué une mortalité de 99,9% des salamandres présentes ! En 2013, les premières victimes belges ont été découvertes à Eupen. Suite à cela, des infections ont été découvertes à Robertville (avril 2014), Liège (janvier 2014), Duffel (mai 2015) et Dinant (avril 2016). Le dernier cas est apparu à Olne en décembre 2019. Il est très probable que d'autres cas soient passés inaperçus. Quelques dizaines de populations européennes sont infectées, en Allemagne, aux Pays-bas, et en Espagne.

Que se passe-t-il chez un animal infecté ?

Que se passe-t-il chez un animal infecté ?

La maladie se manifeste par des ulcérations de la peau. Le champignon prolifère dans la peau des amphibiens causant, chez les salamandres, la mort par asphyxie deux semaines après l'infection. En effet, la peau joue un rôle essentiel dans la respiration de ces êtres vivants. Les animaux infectés sont généralement apathiques, mais peuvent aussi être atteints de problèmes de coordination motrice et donner alors l'impression de gigoter dans tous sens. La maladie est très contagieuse et se transmet aisément entre les différentes espèces d’urodèles. Cependant, il est à noter que les signes d’infection comme les lésions cutanées sont difficilement détectables avant le stade final de la maladie.

Que se passe-t-il lorsque Bsal touche une population de salamandres ?

Que se passe-t-il lorsque Bsal touche une population de salamandres ?

L'arrivée du pathogène est associée à un déclin dramatique et rapide de la population, sans aucun signe de récupération. Les salamandres sont incapables de développer la moindre résistance au pathogène, même après avoir été traitées en laboratoire. En outre, le champignon survit dans l'eau et dans le sol, mais aussi et surtout chez d'autres espèces d'amphibiens qui agissent comme un réservoir d'infection. Ces espèces peuvent être contaminées par le pathogène mais ne guérissent et ne meurent pas après l'infection. Elles permettent donc au pathogène de persister dans l'environnement, hypothéquant ainsi toute récupération des populations de salamandre tachetée.

Bsal est très proche du champignon pathogène B dendrobatidis (Bd), plus connu et décrit pour la première fois à la fin des années ’90. Actuellement, Bd infecte plus de 442 espèces d’amphibiens dans le monde, répartis sur 49 pays et sur tous les continents (excepté l’Antarctique, où les amphibiens n’existent pas). Sa distribution peut être trouvée sur le site www.bd-maps-net.

  • Un résumé peut-être trouvé dans cet article. Bd et Bsal se différencient par leur température de croissance optimale. En effet, Bsal a des préférences thermiques plus basses que Bd.

Peut-on soigner les animaux ?

Peut-on soigner les animaux ?

Une exposition à des températures de 25°C pendant 10 jours permet de tuer Bsal et de soigner un amphibien infecté.  Une combinaison de voriconazole (12,5 µg/ml et polymyxine E (2000 Ul/ml) appliquée deux fois par jour à une température de 20°C permet également d’éliminer le pathogène en 10 jours chez les salamandres. Bien que ces méthodes sont efficaces pour des individus captifs, elle ne sont d'aucune utilité pour les salamandres sauvages. Une salamandre soignée peut être infectée à nouveau lorsqu'elle est de nouveau confrontée au pathogène, il est donc inutile de capturer un individu, le soigner puis le relâcher à l'endroit de sa découverte. En outre, en dehors de conditions dûment contrôlées, il existe un risque que le traitement n'ait pas été suffisant et qu'il n'ait fait que faire reculer l'infection sans la guérir, incitant à la plus grande prudence par rapport à la perspective de relâcher des animaux infectés ailleurs. Il n'existe pas de vaccin disponible et la vaccination des animaux sauvages serait par ailleurs particulièrement laborieuse à mettre en oeuvre.

Peut-on éradiquer un foyer d'infection et stopper la progression du pathogène ?

Peut-on éradiquer un foyer d'infection et stopper la progression du pathogène ?

En théorie, il est possible d'éradiquer un foyer d'infection, à condition d'empêcher les déplacements d'amphibiens infectés hors de celui-ci, et simultanément, en en retirant tous les animaux présents. L'usage de désinfectants peut aussi être nécessaire. Une telle entreprise nécessite un réel effort à long terme et son efficacité est notamment conditionnée par l'écologie et la démographie des populations infectées, ainsi que par la configuration du site infecté.

Comment Batrachochytrium salamandrivorans est-il arrivé en Europe ?

Comment Batrachochytrium salamandrivorans est-il arrivé en Europe ?

L'introduction de Bsal en Europe continentale est liée au commerce des salamandres d'Asie du Sud-Est, et plus particulièrement de Thaïlande, du Vietnam, et du Japon. Jusqu'à ce jour le pathogène a seulement été trouvé dans des échantillons originaire d'Asie et d’Europe du Nord. Il n'a pas été détecté en Amérique du Nord ou en Amérique du Sud.

Bsal a été découvert dans de nombreuses populations de salamandres captives en Europe.

Le Conseil de l’Europe reconnaît-il la menace posée par Bsal ?

Le Conseil de l’Europe reconnaît-il la menace posée par Bsal ?

Oui, le comité permanent de la Convention de Berne a été la première institution à reconnaître l’importance de la menace que représente Bsal. En décembre 2015, le Comité permanent du Conseil de l’Europe a approuvé une recommandation concernant Bsal, demandant urgemment aux parties contractantes de prendre action.

Plus spécifiquement, les Parties sont fortement invitées à développer en urgence des plans d’action, à investir dans la recherche biologique et dans les mesures d’atténuation de la maladie, à mettre en place des programmes de suivi et à imposer aux échanges commerciaux des mesures préventives de restriction et de contrôle à l’importation. Mais jusqu’à présent, aucun plan global n’a été mis en œuvre en Europe. Aux Etats-Unis, on dénombre plus de 150 espèces d'urodèles et la menace y est prise très au sérieux à tous les niveaux.

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