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Batrachochytrium salamandrivorans (Bsal)

Bsal est un champignon pathogène apparu il y a 65 millions d'années en Asie et qui y coexiste depuis avec les salamandres asiatiques. Il a vraisemblableme été importé en Europe avec le commerce de salamandres d'Asie du Sud-Est, et plus particulièrement de Thaïlande, du Vietnam et du Japon. Dans les régions où le pathogène a été introduit, il affecte essentiellement les salamandres et les tritons, mais il ne déclenche pas de symptômes chez les grenouilles, les crapauds et les rainettes. Ce champignon, proche de Batrachochytrium dendrobatidis, provoque une chytridiomycose. Sa température optimale de croissance se situe entre 10 et 15 °C, ce qui en fait un pathogène encore plus actif dans nos régions que Bd.

Il a été découvert par les scientifiques de l’université de Gand après des mortalités inexpliquées de salamandres observées aux Pays-Bas en 2012. Parmi les espèces présentes en Belgique, la salamandre tachetée est extrêmement sensible à ce champignon et meurt rapidement après avoir été infectée. Le triton alpestre, le triton ponctué et le triton crêté y sont également sensibles, mais de manière plus modérée. En revanche, letriton palmé n’est que faiblement sensible à Bsal.

Ce pathogène a été décrit pour la première fois par l’Université de Gand en 2013. La référence de l’article complet est disponible ICI.

Lors du Congrès Européen d'Herpétologie à Salzbourg en 2017, deux animations vidéo sur Bsal ont été présentées pour la toute première fois. Ces clips ont été créés par plusieurs organisations européennes et publiés par la Commission Européenne. Objectifs : délimiter l'aire de répartition actuelle de Bsal en Europe, créer un système d'alerte précoce, développer un plan d'action d'urgence (à court terme) et fournir des méthodes d’atténuation de Bsal sur le long terme. Pour voir ces vidéos, CLIQUEZ ICI.

Comment se propage Bsal ?

Bsal est un pathogène extrêmement contagieux. Il est capable de contaminer des animaux en milieu aquatique via ses zoospores, tout comme Bd. Mais il fabrique également des spores non mobiles qui persistent un certain temps dans le sol et contaminent les animaux en phase terrestre. Le pathogène peut également se transmettre par simple contact entre des salamandres ou des tritons infectés. Enfin, les anoures, même s’ils ne présentent pas de symptômes de l’infection, peuvent servir de vecteurs sains ou encore de réservoirs d’infection. Les grandes distances parcourues par le champignon ne peuvent pas s’expliquer par une migration naturelle et donc les activités humaines ou les oiseaux peuvent également jouer un rôle dans la propagation du Bsal. Pour éviter de transporter des spores du champignon, veuillez vous référer aux techniques de biosécurité.

Quels sont les symptômes d’une infection par Bsal ?

La maladie se manifeste par des ulcérations de la peau car le champignon y prolifère en détruisant la kératine (tout comme Bd). Chez nos urodèles, cela cause la mort par asphyxie deux semaines après l'infection. En effet, la peau joue un rôle essentiel dans la respiration de ces êtres vivants. Les animaux infectés sont généralement apathiques, mais peuvent aussi être atteints de problèmes de coordination motrice et donner alors l'impression de gigoter dans tous les sens. Cependant, il est à noter que les signes d’infection, comme les lésions cutanées, sont difficilement détectables avant le stade final de la maladie. Comme ces symptômes peuvent être associés à d’autres maladies, il est nécessaire de faire un test PCR pour confirmer la présence du pathogène.

Les symptômes sont explicités dans le folder disponible ICI.

Quelle est la répartition de Bsal ?

Bsal a été découvert en 2012 dans une population de salamandres tachetées du Bunderbos aux Pays-Bas. La maladie y a provoqué une mortalité de 99,9 % des salamandres présentes ! En 2013, les premières victimes belges ont été découvertes à Eupen. Suite à cela, des infections ont été découvertes à Liège (janvier 2014), Robertville (avril 2014), Duffel (mai 2015) et Dinant (avril 2016). En 2019, à Olne et en 2022 à Hermalle-sous-Argenteau, ont été observées des chutes drastiques de populations qui correspondent au mode d’action de Bsal. Malheureusement, les tests effectués n’ont pas confirmé la présence du pathogène. De 2022 à 2024, une campagne d’échantillonnage par frottis cutanés a été réalisée autour des 5 foyers identifiés et de 3 cas suspects. Au total, 25 sites ont été inventoriés. Le résultat est alarmant car sur 140 km parcourus, seulement 73 salamandres ont pu être échantillonnées. Malgré le fait que tous les résultats soient revenus négatifs, ce constat de densité anormalement faible (0,52 individu/km) est très mauvais signe. Il est probable que la maladie progresse rapidement mais en silence. En effet, une fois présent dans une population, Bsal élimine la presque totalité des animaux en quelques années, ne laissant qu’un très faible pourcentage d’individus non contaminés. Il est très facile de rater l’arrivée de ce pathogène dans une population, car les animaux contaminés meurent à l’abri des regards et la seule constatation faite après coup est une diminution drastique de la population. Malgré tout, de 2023 à 2024, 3 nouveaux cas ont été détectés dans la région de Liège sur des tritons. En 2024, un nouveau cas a été confirmé à Gomzé-Andoumont.

Quelques dizaines de populations européennes sont aussi infectées en Allemagne, aux Pays-bas, et en Espagne. Bsal est également présent aux Etats-Unis où il provoque une grosse mortalité.

Qu’en est-il pour la suite ?

Bsal se répand vraisemblablement en Wallonie, assez rapidement et de manière quasi invisible. Le protocole de départ est inadapté au suivi de sa progression. Il est nécessaire d’organiser un suivi régulier des populations locales, particulièrement des populations sentinelles. Il faut également mener des recherches spécifiques dans certaines zones et communiquer au maximum autour de la découverte de cadavres et des mesures préventives.

Le protocole d’échantillonnage doit être sélectionné en fonction d’un objectif précis. Actuellement, deux techniques existent :

  • La recherche d’ADN environnemental (ADNe) par prélèvement d’échantillons d’eau. Le prélèvement d’un échantillon d’ADN environnemental fournit des informations sur la présence ou non de Bsal dans un endroit spécifique et à un moment précis, mais ne fournit pas d’informations sur l’intensité ou la prévalence de la contamination.
  • Le prélèvement par frottis cutanés et l’identification de Bsal par PCR. Cette technique fournit des informations sur l’évolution de l’infection et son impact sur la population.

Questions/réponses

Une exposition à des températures de 25°C pendant 10 jours permet de tuer Bsal et de soigner un amphibien infecté. Une combinaison de voriconazole (12,5 µg/ml) et de polymyxine E (2000 Ul/ml) appliquée deux fois par jour à une température de 20°C permet également d’éliminer le pathogène en 10 jours chez les salamandres. Bien que ces méthodes soient efficaces pour des individus captifs, elles ne sont d'aucune utilité pour les salamandres sauvages. Une salamandre soignée peut être infectée à nouveau lorsqu'elle est de nouveau confrontée au pathogène. Il est donc inutile de capturer un individu, le soigner puis le relâcher à l'endroit de sa découverte. En outre, en dehors de conditions dûment contrôlées, il existe un risque que le traitement n'ait pas été suffisant et qu'il n'ait fait que reculer l'infection sans la guérir, incitant à la plus grande prudence par rapport à la perspective de relâcher des animaux infectés ailleurs. Il n'existe pas de vaccin disponible et la vaccination des animaux sauvages serait par ailleurs particulièrement laborieuse à mettre en œuvre.

En théorie, oui, mais dans la pratique, c’est très difficile (voire impossible) à mettre en place. Eradiquer un foyer d'infection nécessiterait d'empêcher les déplacements d'amphibiens infectés hors de celui-ci et, simultanément, d'en retirer tous les animaux présents. L'usage de désinfectants à large échelle pourrait être envisagé, mais comme ils présentent une certaine écotoxicité, leur utilisation est fortement restreint dans un environnement naturel. Une telle entreprise nécessite un réel effort à long terme et son efficacité est notamment conditionnée par l'écologie et la démographie des populations infectées, ainsi que par la configuration du site contaminé.

  1. Assurez-vous qu'il n'y a pas d'autres causes de mortalité, le trafic routier étant la plus régulière même sur des routes peu fréquentées.
  2. Prenez des photos et des notes (nombre d’animaux, espèce, endroit précis, date et heure, etc.). Cherchez bien dans les environs de votre découverte car si le pathogène est présent, il est très probable qu’il y ait plus d’un animal infecté. Les talus et bords de chemin sont généralement de bons endroits où chercher.
  3. Placez l’animal dans un sac plastique et mettez-le au congélateur.
  4. Contactez Natagora : salamandre@natagora.be. Nous poursuivrons les investigations et vous mettrons en contact avec le service de l’administration wallonne qui transfèrera l’animal au laboratoire de Gand.
  5. Nettoyez et désinfectez votre matériel.

Si vous possédez ou vendez des amphibiens, il ne faudrait pas qu'ils soient contaminés par Bsal.

  • Assurez-vous que vos animaux soient sains. Faites plus particulièrement attention aux salamandres de l’Est asiatique en vérifiant qu’elles soient déclarées exemptes de la maladie. Vous pouvez faire tester vos animaux par l’Université de Gand ou tout autre laboratoire spécialisé. Demandez l’avis d’un vétérinaire spécialisé en NAC.
  • Soyez prudent avec vos eaux usées provenant de votre élevage privé de salamandres. Ne jetez pas les eaux usées dans l’environnement, mais dans un égout connecté à un système d’épuration collectif.
  • Ne relâchez pas les amphibiens d’élevage dans la nature.

Si vous êtes prêt à consacrer quelques soirées par an à la recherche des salamandres, participez au suivi des populations de salamandres tachetées !

Pour en savoir plus...

 

 

 

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