Règles de biosécurité
La biosécurité représente des techniques employées afin de prévenir des risques biologiques. Dans le cadre des inventaires herpétologiques, il s'agit plus particulièrement d'empêcher la diffusion de pathogènes, aussi bien au sein de notre herpétofaune que chez les opérateurs de terrain.
Pourquoi parle-t-on de biosécurité ?
Les amphibiens représentent, parmi les vertébrés, la classe qui diminue le plus sur Terre. Les causes de ce déclin incluent notamment la destruction et la fragmentation de l’habitat, les changements climatiques, la surexploitation et les maladies infectieuses émergentes. Parmi ces dernières, citons Bsal qui affectent particulièrement nos populations d'urodèles.
Le suivi et la protection des populations d’amphibiens et de reptiles impliquent des interventions humaines dans leur milieu naturel (ex : gestion, pose de nasses, etc.), parfois une manipulation des animaux (ex : sauvetage d’amphibiens) ou encore des élevages conservatoires.
Ces interventions peuvent avoir des conséquences catastrophiques sur la santé des animaux, car nous constituons nous-mêmes une source non négligeable de propagation des pathogènes. D’autre part, nous sommes nous aussi susceptibles de contracter une zoonose ou une maladie à réservoir environnemental (ex : leptospirose, salmonellose).
Il est donc important de prendre en compte les règles de biosécurité afin de protéger les animaux et leurs milieux, mais aussi de nous protéger.
Bien que certaines règles de biosécurité soient généralistes, il est également important de les adapter aux espèces ciblées et aux milieux naturels ou artificiels dans lesquels nous travaillons.
Dans le présent article, nous nous contenterons d’expliquer les quelques règles de base à appliquer en toute occasion.
Tableau de synthèse des différents désinfectants et du temps de pose minimum
Principaux pathogènes | Ethanol à 70% | Virkon S® à 1% | Hypochlorite de sodium (eau de javel) |
Ranavirus | 1 min | 1 min | 1 min (à 5%) |
Batrachochytrium salamandrivorans | 30s | 5 min | 30s (à 4%) |
Batrachochytrium dendrobatidis | 20s | 20s | 30s (à 4%) |
Ophidiomyces ophidiicola | 2 min | 10min | 2min (> 3%) |
Virus de l’herpès | / | / | / |
Attention ! La désinfection des mains se fait uniquement avec de l’éthanol à 70%. Les différents désinfectants présentés ci-dessus sont des biocides ( molécules qui tuent les êtres vivants ). Il est donc important de prendre en compte leur écotoxicité. Par précaution, il ne faut pas les mettre en contact direct avec les animaux et ne pas les déverser dans l’environnement. L'usage de ces produits se fera donc à distance (>50m) des milieux naturels et tout particulièrement des zones aquatiques qui sont très sensibles aux biocides.
Ce qu'il faut savoir
- Désinfecter le matériel à chaque changement de site.
- Sélectionner du matériel facile à nettoyer et désinfecter (ex : matériel non poreux).
- Nettoyer le matériel avant d’appliquer un produit désinfectant. En effet, la présence de boue sur le matériel empêche une action efficace du produit.
- Afin de limiter l’usage de biocides en milieu naturel et pour gagner du temps lors de visites rapprochées sur différents sites, prévoir du matériel en plusieurs exemplaires.
La réponse n’est pas simple car les scientifiques ne sont pas d’accord sur le sujet. Certains considèrent que le risque de transmission est faible et qu’il n’est donc pas nécessaire d’adopter de mesures spécifiques. Tandis que d’autres conseillent vivement le nettoyage et la désinfection des roues du véhicule en cas de passage sur une zone à haut risque. Ne connaissant pas le réel taux de contamination par nos véhicules, évitons de nous rendre directement sur les sites présentant un risque et restons sur les routes et chemins.
L’usage des gants lors de la manipulation d’animaux :
Du fait de la fragilité et de la perméabilité de la peau des amphibiens, la composition des gants est à prendre en compte. Les gants poudrés ou en latex sont vivement déconseillés car ils présentent une certaine toxicité pour les animaux. C’est aussi le cas des gants en vinyle et en nitrile mais dans une moindre mesure. Si vous travaillez avec des gants, il est préconisé d’en changer à chaque manipulation d’un nouvel animal.
Note : Une étude de 2020 montre que les gants en nitrile ont une action fongicide sur les spores de Bd et Bsal (Thomas et al., 2020).
Le travail à mains nues :
Si vous travaillez à mains nues, il est nécessaire de les désinfecter avec de l’éthanol à 70% à chaque changement de site, voire entre chaque animal. En effet, même si Bd ne semble pas apprécier le contact avec la peau humaine, Bsal se transmet facilement par ce moyen. Il n’y a pas encore d’étude concernant la transmission des virus comme les herpès ou les ranavirus. Évitez de désinfecter vos mains avec les solutions hydroalcooliques présentes sur le marché. Elles ne sont pas composées uniquement d’éthanol et la toxicité des autres composants (polymères, émollients, huiles, parfums) n’est pas encore connue.
Les sources scientifiques s’accordent sur l’importance de l’usage de gants, de bottes, de lunettes de protection et sur la désinfection des mains avec de l’éthanol à 70%. Les gants finissant par être poreux, il est nécessaire d’en changer régulièrement (toutes les 15 à 30 minutes) pour une protection efficace.
Pour en savoir plus...
Réseau canadien pour la santé: https://www.cwhc-rcsf.ca/docs/fact_sheets/SFD_FactSheet_FR.pdf