Maladies chez les amphibiens et les reptiles
Nos amphibiens et reptiles souffrent de nombreuses maladies provoquées par des virus, bactéries, champignons et protistes. Nous nous contenterons ici de faire un petit tour d'horizon des principaux pathogènes. La chytridiomychose provoquée par Bsal est développée sur une autre page. Pour plus d'informations, CLIQUEZ ICI.
C’est en 1979 qu’a été détecté pour la première fois la présence d’une ranavirose dans une population scandinave de morue de l'Atlantique (Gadhus morhua). Ces morues élevées en captivité présentaient des lésions cutanées et un taux de mortalité important. Tout d’abord attribué à un virus de la famille des Iridoviridae, les techniques moléculaires modernes ont depuis permis de préciser l’identification et de classer cet incident comme le premier cas enregistré de ranavirose. Les ranavirus sont donc des virus à ADN faisant partie de la famille des Iridoviridae qui peuvent infecter de nombreuses espèces d'amphibiens, de reptiles et de poissons. Ils ont depuis été détectés sur les six continents. Ces virus ont potentiellement été importés depuis l’Amérique du Nord lors de l'introduction de la grenouille taureau (Rana catesbeiana) et/ou des poissons rouges (Carassius auratus). Le commerce mondial des vertébrés ectothermes semble donc être une des causes principales de l’apparition et du développement de cette épidémie. Cela dit, les facteurs de stress et la faible diversité génétique peuvent aussi contribuer au phénomène.
Chez les amphibiens, le syndrome se caractérise par des ulcères cutanés, une nécrose des organes et une hémorragie généralisée. Le virus affecte tous les stades, c'est-à-dire les larves, les juvéniles et les adultes. Les épidémies sont principalement observées pendant les mois d'été et la transmission se produit par contact avec des individus infectés. Les effets de l'infestation par le ranavirus sur les populations d'amphibiens varient. Le taux de mortalité peut être élevé (plus de 90 %) et provoquer des déclins de population élevés et persistants, mais il est souvent limité à une petite zone (par exemple, un étang). À titre d’exemple, la ranavirose a été identifiée en 2007 comme la cause de l’effondrement d’une population d’alytes (Alytes obstetricans) en Espagne, dans le parc national des Picos de Europa. En France et au Danemark, des mortalités massives ont aussi été détectées chez les grenouilles vertes (Pelophylax kl. Esculentus) et chez la grenouille rousse (Rana temporaria).
À ce jour, aucune épidémie de ranavirus n’a encore été signalée en Belgique chez les amphibiens sauvages, mais bien chez des animaux en captivité. Les recherches ont démontré que les ranavirus étaient présents dans la population belge de grenouille taureau (Lithobates catesbeianus).
Pour en savoir plus :


Il existe divers virus de l'herpès présents chez les crapauds et les grenouilles. Les deux principaux sont le RHV3, isolé chez Rana temporaria et Rana dalmatina en Grande-Bretagne et en Suisse, et le BfHV1, isolé chez Bufo bufo en Suisse.
Les deux virus provoquent des lésions cutanées multiples, circulaires ou coalescentes, parfois surélevées (hyperplasie épidermique). Chez RHV3, elles sont de coloration grise ou blanchâtre et apparaissent sur tout le corps, donnant un aspect de « cire de bougie ». Les animaux touchés ne présentent souvent pas d’altération de l’état général et la régression de l’infection est spontanée. Chez BfHV1, les lésions sont de coloration grise ou brune et apparaissent sur tout le corps. Cette virose peut être liée à de la mortalité.
À l’heure actuelle, le mode de transmission de ces deux virus n’est pas connu.
Pour en savoir plus :
https://www.infofauna.ch/fr/services-conseil/amphibiens-karch/les-amphibiens/maladies#herpes


La mouche verte Lucilia bufonivora est une espèce vivant en Europe centrale, dont les larves sont des parasitoïdes obligatoires des amphibiens. Les mouches pondent leurs œufs sur la tête des amphibiens en été. Les larves éclosent et pénètrent ensuite dans les narines, où elles dévorent progressivement les os, les muscles et le tissu conjonctif de l'animal vivant. Les animaux infectés présentent des narines élargies et une tête enflée. Les amphibiens contaminés meurent au cours de l'infection. L’espèce principalement touchée est le crapaud commun (Bufo bufo), mais ce parasite peut infecter toutes les espèces d’amphibiens.
Pour en savoir plus :
https://www.infofauna.ch/fr/services-conseil/amphibiens-karch/les-amphibiens/maladies#Mouche


L’ophidiomycose, ou maladie fongique des serpents, est provoquée par un champignon pathogène, Ophidiomyces ophidiicola, et s’attaque exclusivement aux serpents. Le champignon est présent sur trois continents et a été détecté aussi bien sur des animaux sauvages que sur des animaux en captivité. Cette maladie a été découverte dans les années 2010 aux États-Unis et se retrouve à présent dans plusieurs pays proches, dont l’Allemagne, la France, les Pays-Bas ou encore la Suisse. Il y a donc des chances pour que l’ophidiomycose soit également présente en Belgique.
En général, les animaux contaminés présentent des lésions (croûtes, œdèmes, nécroses, abcès) sur leurs écailles ventrales ou dorsales, ainsi que sur la tête. Lorsqu’ils sont sérieusement atteints, les serpents développent un état apathique et peuvent en mourir. Une étude menée par Gaelle Blanvillain a mis en évidence que la Suisse serait un « hotspot » pour ce champignon avec, localement, jusqu’à 80 % des serpents testés positifs.
Pour l’instant, le pathogène a été détecté sur 42 espèces de serpents, mais il semblerait que dans nos régions, ce soient les espèces semi-aquatiques (genre Natrix) qui soient les plus touchées.
Pour plus d’informations :
https://www.infofauna.ch/fr/services-conseil/reptiles-karch/les-reptiles/maladies#sfd

Batrachochytrium dendrobatidis est un champignon aquatique de l’ordre des chytrides et vecteur de la chytridiomycose. Il s’attaque aussi bien aux anoures qu’aux urodèles. Il a été détecté pour la première fois en 1997 sur un Dendrobate bleu (Dendrobates azureus) trouvé mort dans un parc zoologique américain. Aujourd’hui, il est à l’origine d’une panzootie touchant des centaines d’espèces et est tenu responsable de près d’une centaine d’extinctions. Ce pathogène est à l’origine de mortalités massives notamment en France, en Suisse et en Espagne. Par contre, en Belgique, où il a également été détecté, il ne provoque pas de déclin de populations.
Ce champignon forme des zoospores capables de se déplacer en milieu aquatique pour contaminer de nouveaux hôtes. Une fois dans l’épiderme de l’amphibien, le chytride décompose les substances cornées (kératine). Chez les têtards, la kératine n’est présente qu’au niveau de la bouche, mais chez l’adulte, c’est l’ensemble de la peau qui est concerné. Cela explique pourquoi des mortalités massives sont observées au moment de la métamorphose des têtards, lorsque l’ensemble de la peau se kératinise. Cela dit, l’apparition de symptômes chez les animaux contaminés dépend de composants environnementaux (biotiques et abiotiques). Cela peut mener à de fortes différences entre les espèces et au sein même d’une espèce. Les résultats cliniques peuvent aller d’une absence de symptômes à la mort de l’individu, en passant par des symptômes légers. Des troubles du comportement (léthargie, perte d’appétit), des troubles neurologiques et des lésions cutanées (desquamation) sont observés chez les animaux présentant des symptômes avancés.
À l’heure actuelle, on ne sait pas avec précision comment le chytride tue son hôte. Une théorie suggère que les fonctions cutanées comme la respiration, la rétention d’eau et les échanges sont diminuées jusqu’à provoquer la mort de l’individu. Une autre théorie soutient plutôt que le pathogène produit une toxine qui empoisonne l’animal.
Pour plus d’informations :
https://lashf.org/wp-content/uploads/2022/01/BulletinSHF_n134.pdf