Alyte accoucheur
Alytes obstetricans
Identification
L’Alyte accoucheur est de petite taille (en moyenne, les mâles mesurent 4,6 cm de long, et les femelles 5,1), et est uniformément gris ou gris-brun sur les parties supérieures du corps et des pattes, avec des taches irrégulières plus foncées. Il présente de minuscules pustules sur les pattes ainsi que sur le dessus du corps, sous forme de bandes longitudinales au niveau des plis dorso-latéraux. Le ventre, par contre, est blanchâtre avec des marbrures grises. Trois petits tubercules sont visibles sur la paume des mains. Les yeux sont grands, proéminents, globuleux et dorés, avec une pupille verticale. Les pattes arrière sont très courtes chez le femelle et courtes chez le mâle. Chez cette espèce, les mâles portent la ponte, à la base du dos. Celle-ci peut compter de 18 à 80 œufs opaques, blanchâtres à jaunâtres, mesurant 2,5 mm de diamètre en moyenne. Ces oeufs n’ont généralement pas l’aspect gélatineux de ceux des autres crapauds et grenouilles. Juste avant l’éclosion, les mâles rejettent l’amas d’œufs dans l’eau. Les têtards sont grands et mesurent jusqu’à 8 cm, voire 9 cm queue comprise. Ils sont généralement gris avec des marbrures foncées, et possèdent une crête caudale bien développée.
Biologie
L’Alyte sort de sa période d’hivernation entre début mars et mi-avril. Le site d’hivernage est généralement le même que celui d’été. Dès leur réveil, les mâles se mettent à chanter. Ces chants débutent après le coucher du soleil pour ensuite se renforcer en début de nuit, et s’atténuer pour s’arrêter peu avant l’aube. Leur intensité est d’ailleurs la plus grande durant les mois de mai et juin pendant lesquels les mâles forment des chœurs à proximité des lieux de reproduction. C’est par ailleurs lorsque la température nocturne dépasse 15°C, voire 20°C, qu’il n’y a pas de vent et qu’il ne pleut pas qu’on a le plus de chance de les entendre. Cependant dans les sites plus chauds ou dans les grandes colonies, il n’est pas rare d’entendre des Alytes chanter dès le milieu de l’après-midi. Les Alytes sont grégaires, souvent rassemblés dans un seul secteur situé au maximum à une centaine de mètre du lieu de reproduction. Ils se cachent sous des pierres ou dans des trous, et il n’est pas rare d’y retrouver une dizaine d’individus rassemblés. Ils sont très fidèles à leur site de reproduction, et les colonies se maintiennent au même endroit tant que les conditions y sont favorables. La période de reproduction commence début avril. L’accouplement est lombaire, contrairement aux autres espèces de crapauds, et a lieu à terre. Les œufs pondus par la femelle sont immédiatement enroulés par le mâle et placé à la base des pattes de ce dernier. Le mâle garde ainsi la ponte sur son dos durant trois semaines, l’humectant de temps en temps. Peu avant leur éclosion, le mâle pose les œufs dans l’eau. Une même femelle peut pondre jusqu’à quatre fois sur l’année. Les têtards issus des pontes printanières se métamorphosent généralement durant l’été, alors que ceux issus de pontes plus tardives passeront l’hiver dans la vase et ne se métamorphoseront qu’au printemps suivant. La maturité est atteinte à l’âge d’un an chez le mâle et de deux ans chez la femelle. La longévité de l’Alyte est estimée à 5 ans.
Comportement
Le chant de l’Alyte accoucheur fait penser à une note flûtée répétée à intervalles rapprochés, et semblable au chant du Hibou petit-duc (Otus scops). Il est audible à plusieurs dizaines de mètres. Le mâle porte la ponte qu’il enroule en amas à la base de ses pattes arrière. L’Alyte est thermophile.
Régime alimentaire
L’Alyte est un opportuniste : il se nourrit d’araignées, de coléoptères, de larves de mouches, de limaces, d’insectes divers, etc.
Habitat
L’Alyte fréquente en Wallonie plusieurs types d’habitats naturels ou artificiels, comme les milieux forestiers, agricoles ou industriels. On le retrouve dans des habitats primaires tels que les noues et les bras morts de grandes vallées, les points d’eau et ruisselets forestiers, les zones de suintements et de sources, les mares au pied des chablis, etc. Il s’est également étendu aux étangs, mares, fossés, drains et ornières forestières, et actuellement on le retrouve souvent dans des habitats secondaires comme les carrières (sablières, argilières, carrières de pierre,…) désaffectées ou non, les terrils et friches industrielles. Il n’est pas rare d’en trouver dans des mares et flaques temporaires. Il affectionne particulièrement les milieux dégagés et ensoleillés, et se cache sous des pierres, dans des anfractuosités, sous des tas de décombres ou éboulis rocheux, dans des talus terreux, et on le retrouve parfois dans des étangs fortement peuplés de carpes.
Situation actuelle de l'espèce