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Entre grenouilles vertes indigènes et exotiques... le brassage génétique !

Une histoire complexe

Le groupe des "grenouilles vertes" présente une certaine complexité (tant pour l’identification que pour la classification) qu’il n’est pas inutile d’expliquer ici en quelques mots. Si Linné n’avait décrit qu’une seule espèce de grenouille verte au 18ème siècle, les outils modernes de détermination d’espèces (via la génétique) en identifient aujourd’hui 14 taxons (11 espèces et 3 kleptons) répartis à travers l’Europe. Sans approfondir l’histoire évolutive complexe des espèces appartenant à ce groupe, soulignons qu’il y a quelques centaines de milliers d’années, durant les périodes interglaciaires du quaternaire, deux espèces distinctes, la Grenouille de Lessona (Pelophylax lessonae) et la Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus), se sont croisées pour former une nouvelle espèce, la Grenouille verte "esculenta" (Pelophylax kl. Esculentus). Cet hybride est cependant resté fertile lors de recroisements avec les espèces parentales, tandis que la descendance des "esculenta" croisées entre elles serait peu viable. Le phénomène "d’hybridogénèse" expliquerait ainsi le maintien et l’extension de ce taxon à travers le continent européen. Si la Grenouille verte "esculenta" a été constituée en "klepton" (du grec kleptein, qui signifie "voler, dérober"), c’est parce que dans la descendance des "esculenta", le génome "lessona" tend à être éliminé, ce que synthétise le schéma ci-dessous.

Ce qu'il faut retenir...

Retenons de tout ceci qu’il est très délicat de distinguer sur le terrain les deux « grenouilles vertes » indigènes de Wallonie, car l’hybride "esculenta" peut présenter des critères morphologiques très proches de l’une ou l’autre espèce parente. Pourtant, sachant que la petite Grenouille de Lessona est menacée génétiquement par le croisement avec le klepton "esculenta", un suivi plus précis des populations aurait, de fait, toute son importance. Cette situation est rendue plus délicate encore depuis les introductions récurrentes ces dernières décennies de la Grenouille rieuse, aujourd’hui bien établie en Wallonie, mais aussi, heureusement de façon plus anecdotique, d’autres grenouilles vertes en provenance des régions méditerranéennes ou d’Europe de l’est : la Grenouille de Bedriagan Pelophylax bedriagae (Camerano 1882), la Grenouille de Perez Pelophylax Perezi (Lopez-Seoane, 1885) et la Grenouille de Graf Pelophylax kl. Grafi (Crochet, Dubois, Ohler & Tunner, 1995).

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